La saison 2015-2016 avait bien démarré pour Vincent Inigo. Dubaï, Le Cap, huit matches joués, une nouvelle aventure lancée avec déjà 19 points marqués (dont trois essais) pour celui qui avait signé un contrat fédéral pour jouer à 7 avec l'équipe de France en 2012. Et puis la tuile, une sale blessure à l'épaule survenue en Afrique du Sud. L'échéance olympique est encore loin à ce moment-là, mais Vincent sait pertinemment qu'elle se prépare maintenant.
"Je n'ai jamais lâché les bras ; j'ai toujours vécu avec l'objectif des Jeux Olympiques en tête."
« Cette blessure à l'épaule en Afrique du Sud a été plus grave que ce que je pensais », admet-il. « On s'est demandé si je me faisais opérer ou pas. L'opération, on en avait pour six mois ; donc si je me faisais opérer, je loupais quoiqu'il arrive les Jeux Olympiques. Ca a donc été beaucoup de travail individuel pendant que les autres partaient en tournée, beaucoup de rééducation. Et je n'ai jamais lâché les bras ; j'ai toujours vécu avec l'objectif des Jeux Olympiques en tête. C'est ce qui m'a vraiment aidé à bien travailler. »
L'ange gardien
Vincent s'est donc accroché et a développé un mental d'acier malgré le fait de voir partir systématiquement les autres aux quatre coins du monde. « J'ai eu la chance d'avoir un préparateur physique stagiaire avec moi, Alexis. Pendant que les autres étaient en tournée, Alexis a vraiment été là. Il était toujours à mon écoute sur mes besoins, mon ressenti, ce que j'avais envie de travailler et ça m'a vraiment aidé. » La photographie et la musique étaient ses autres viatiques.
L'objectif est de se remettre le mieux possible et de revenir en forme pour le tournoi de Londres, ultime étape du circuit mondial. Après l'avoir bien démarré, au moins fallait-il bien le finir. Mais là encore, nouvelle tuile. « J'ai eu une fracture du coccyx à l'entraînement », rage Vincent. « Je n'ai pas eu de bol. J'ai encore été arrêté un mois. Là, mon ultimatum, c'était les derniers tournois : un à Londres et un à Exeter. Il ne fallait pas que je me rate. Je suis revenu avec toute mon envie pour essayer de bien faire. »
"Mon ultimatum, c'était les derniers tournois : un à Londres et un à Exeter. Il ne fallait pas que je me rate. Je suis revenu avec toute mon envie pour essayer de bien faire."
C'est sur ces deux étapes du circuit européen que l'entraîneeur Frédéric Pomarel décide de le jauger une bonne fois pour toutes. Ses performances détermineront de son avenir olympique. Car quelques jours après Exeter, le staff a décidé d'arrêter sa liste. « Sur le terrain, je suis entré avec aucune appréhension. C'est vrai qu'après une période d'arrêt tu ressens un peu plus les premiers chocs. Je suis sorti complètement mâché, surtout en enchaînant les deux tournois. Mais un, je voulais rassurer les coaches, et deux me rassurer moi aussi. Les deux ont été réalisés. Après, j'avoue qu'il y avait une certaine pression avec l'annonce du groupe. »
L'appréhension de la liste
« J'espérais toujours y être, je faisais partie de l'équipe même si j'avais eu une saison difficile. Mais, quoiqu'il arriverait, j'étais satisfait de mes tournois car j'avais eu de bonnes sensations. Je me disais que même si je n'y étais pas, au moins j'avais tout donné, sans regret. Donc, grosse appréhension à l'annonce du groupe, je ne peux pas le cacher. »
Et finalement, son nom tombe parmi les treize autres : douze et deux réservistes appelés pour Rio. Aujourd'hui, Vincent avoue être « apaisé mentalement » et entièrement concentré sur la prochaine compétition à venir : les Jeux Olympiques, le Graal pour tout sportif de haut niveau. La remise symbolique des dotations lundi 18 juillet a été un autre moment important. « Je ne suis pas dans un état euphorique, mais je suis heureux, tout va bien. C'était vraiment une finalité ; lorsque j'ai signé à 7, c'était pour faire partie du groupe France. Je suis apaisé mentalement mais sans lâcher la pression car le plus dur commence », reconnaît le sportif.
Vraiment honoré de participer aux Jeux olympiques de Rio https://t.co/ixGABblMPW
— inigo vincent (@inigovincent) July 13, 2016