Après Tignes, vous partez le 20 juillet en Martinique pour vous acclimater. Comment se passe la préparation ?
« C'est une préparation qui est trait pour trait avec ce que l'on avait fait en début de saison. Une prépartion à dominante rugby avec une préparation physique intégrée à 90%. On est toujours sur un choix fort de développer un certain nombre d'éléments tactiques en priorité et d'essayer d'intégrer de la progression technique car on est encore en retard sur les meilleures nations à ce niveau-là. A chaque fois, c'est exigeant. On impose aux filles des cadences de volume car on pense que c'est comme ça que la compétition deviendra « facile ». On est sur le protocole arrêté ensemble et dans les temps qu'on s'était fixé. »
On imagine que la sélection de l'équipe olympique a été un véritable casse-tête pour vous...
« C'est un casse-tête car c'est un groupe très homogène. Ecarter des filles, c'est se priver d'un certain nombre de compétences et de qualités. On est sur un groupe qui a une ancienneté, qui a vécu une période de vaches maigres dans laquelle on a vécu dans le fond de classement, dans lequel on a eu de la difficulté à gagner notre place IRB et à sécuriser notre niveau. Mais aujourd'hui, c'est quelque chose qui est atteint. C'est un groupe qui a du vécu, qui s'appuie sur des gens qui sont des leaders, qui maîtrisent bien ce qu'on souhaite faire sur le terrain. Il y a une ossature qui est dégagée, mais il reste à lui donner une saveur, une coloration un peu spéciale pour cette occasion unique. C'est à moi de trancher, à moi d'assumer ; j'essaie de faire abstraction de l'affectif. Je sais que toutes les filles se sont beaucoup investies et j'ai beaucoup de respect pour elles. »
"Ce groupe a une ossature qui est dégagée, mais il reste à lui donner une saveur, une coloration un peu spéciale pour cette occasion unique."
Quel regard portez-vous sur la qualification de l'Espagne lors du tournoi de repêchage de Dublin ? L'Espagne, contre qui vous avez l'habitude de jouer et que vous rencontrerez en match de Poule à Rio.
« C'est une demi-surprise. Je suis très content pour les Espagnoles et très déçu pour les Russes pour qui j'ai énormément de respect. Pendant ce tournoi, j'ai trouvé aussi une équipe d'Irlande en grand progrès cette année. C'est une équipe qui me fait penser un peu à nous il y a quelques années, une équipe chez qui je sens un énorme potentiel et qui le concrétisera assez rapidement.
Les Espagnoles font partie de nos meilleures ennemies sur le plan européen car ce sont des filles avec qui on aime travailler, qu'on aime croiser car ce sont des gens pour qui on a du respect, mais aussi des adversaires redoutables. C'est une équipe qui est capable de se sublimer lors de grandes occasions avec des joueuses de qualité qui se connaissent bien et depuis longtemps. Il y a aussi chez elles quelques leaders à l'image de Patricia Garcia qui sont capables d'être décisives. »
Quelle est votre impression sur la Poule : Nouvelle-Zélande, Espagne et Kenya ?
« C'est une poule dense comme on s'y attendait dans une compétition qui aura une saveur particulière. Ce sera une compétition World Rugby qui sera un peu différente car elle n'a lieu que tous les quatre ans. Ca aura, je pense, un parfum de coupe, comme les Coupes du Monde. C'est un one-shot qui ouvre la place à tous les possibles.
" Nous, on fera partie des outsiders au même titre que deux ou trois équipes."
Il y a deux favorites logiques, deux équipes qui sont très constantes au niveau international comme le Canada et la Grande-Bretagne. Nous, on fera partie des outsiders au même titre que deux ou trois équipes. On retrouve ensuite ces équipes comme le Kenya, le Brésil, le Japon qui peuvent se sublimer par l'événement et peuvent troubler les cartes. C'est une compétition difficile dont il faudra s'extraire si on veut avoir un grand résultat. On s'entraîne pour ça. »
Lorsqu'on s'était quitté à Clermont, vous sembliiez être amer, déçu de la 5e place des filles, un peu en colère. Ca va mieux ?
« C'est vrai que je maîtrise très mal ma communication ; on me l'a déjà dit (rires). Mais j'étais d'aord en colère après moi-même d'être passé au travers de ce tournoi - je regrettais de ne pas avoir anticipé la particularité qu'offrait Clermont – alors qu'en réalité nous avons passé un cap.
C'est un groupe qui travaille ensemble depuis six ans. J'ai toujours cru en ces joueuses. Je pèse mes mots, mais je pense que c'est une génération d'exception pour le rugby à 7. Même quand on a galéré, j'ai toujours cru qu'on pouvait accéder à des performances pouvant atteindre le haut niveau. Je pense que nous sommes sur cette voie-là.
"Même quand on a galéré, j'ai toujours cru qu'on pouvait accéder à des performances pouvant atteindre le haut niveau. Je pense que nous sommes sur cette voie-là."
Après, je suis comme tout le monde, très agacé que l'on soit capable de jouer à un niveau très en-dessous du notre. On est en phase de construction et je pense que cette inconstance est du fait du manque de maturité dans certains domaines. Mais ce groupe a cette particularité de se coucher un peu moins con tous les soirs et donc de se réveiller toujours un peu plus intelligent chaque matin. Toutes les barres que nous avons relevées toutes ces années nous ont aidé à grandir et à mûrir. Après, j'espère que ce soit plus vite. »