En ce mardi 13 juillet, Daniel et Felipe Sancery sont encore sur un nuage. Ils viennent de rencontrer le gouvernement du Brésil ainsi que le président en compagnie d'une centaine d'autres athlètes, tous sélectionnés pour défendre les couleurs vert et jaune aux prochains Jeux Olympiques de Rio dans une vingtaine de jours. « On a visité le palais, on a pris des photos, on a fait des selfies avec le président, c'était cool », raconte Daniel.
Décontracté, rigolard et totalement décomplexé face à l'enjeu planétaire qui l'attend, Daniel avoue ne pas encore réaliser ce qu'il s'apprête à vivre dans les semaines qui viennent. Il sera pourtant représentant de son pays natal avec son frère jumeau Felipe dans la toute première compétition de rugby à 7 de l'histoire des Jeux Olympiques. « On sait que quelque chose de ouf va bientôt arriver, que ça va être énorme », admet le jeune homme de 22 ans qui débutera d'emblée les Jeux face au mastodonte fidjien. « Ca ne va pas être facile du tout car on connait notre niveau. Mais chaque point gagné, chaque plaquage, chaque essai sera comme une victoire pour nous. On représente notre pays ; on est là pour jouer. »
Le Brésil dévoile ses équipes pour #Rio2016 avec les jumeaux franco-brésiliens Sanceryhttps://t.co/DsHJkq5WWh pic.twitter.com/8UhZZAon0O
— Rugby World Cup (@RugbyWorldCupFR) July 9, 2016
Une arrivée rapide au 7
En stage de préparation intensif depuis trois semaines – essentiellement rythmé par des oppositions, des oppositions et encore des oppositions – c'est là que les frangins ont appris qu'ils figuraient dans l'équipe des 12 Brésiliens aux JO. Il y a six mois, lorsqu'ils ont décidé de quitter Albi (Pro D2) ils ne pensaient pas à une telle ascension.
« C'était une opportunité, ça se jouait à 50-50 », admet David Sancery. « A Albi, on jouait en Espoirs et on sentait que c'était un peu fermé. Alors on a envoyé notre CV au Brésil et on a eu cette opportunité. Faire du 7 et du XV, c'était un risque à prendre. On se disait que si ça n'allait pas, on pourrait toujours revenir en France. » En France où leur mère Marta, brésilienne d'origine, est restée.
Dès leur arrivée au Brésil, Daniel et Felipe ont intégré l'équipe nationale à XV pour les besoins de l'Americas Rugby Championship, le tournoi américain des 6 Nations. Un Tournoi remporté par l'Argentine mais où le Brésil se classe 5e (après avoir remporté un match), entre le Chili et l'Uruguay.
Des géants
Peu de temps après, les jumeaux sont appelés dans l'équipe nationale à 7 pour les tournois de Las Vegas et Vancouver. « Les premiers matches ont été compliqués : trois entraînements au Brésil, trois entraînements à Vancouver et on te lâche, comme ça, contre l'Afrique du Sud devant 50 000 personnes. C'était compliqué car nous ne sommes pas forts, pas rapides, mais nous sommes une équipe », assure Daniel Sancery.
"Les premiers matches ont été compliqués : trois entraînements au Brésil, trois entraînements à Vancouver et on te lâche, comme ça, contre l'Afrique du Sud devant 50 000 personnes. C'était compliqué car nous ne sommes pas forts, pas rapides, mais nous sommes une équipe !"
On le retrouve ensuite avec Felipe à Hong Kong, Paris et Londres. « On s'est très vite intégré dans l'équipe, danss l'organisation, dans le projet de jeu », raconte Daniel. A l'en croire, les joueurs au Brésil sont de « petite taille », aux alentours d'1,70 m de moyenne, mais avec des pointes à 1,94 quand même. Si bien qu'avec leur mètre 82 les jumeaux font figure de géants dans ce jeu qui est appelé à se développer.
« Au Brésil, c'est 90% foot et 10% natation et volley. Le rugby à XV est peu connu et le 7 encore moins. Ce n'est pas dans la culture du Brésil. Mais ça grandit, on évolue et on commencee même à passer sur les chaînes publiques », disent les jumeaux en contrat fédéral renouvelable chaque année.
Leur ascension fulgurante ne devrait pas s'arrêter là puisque pour la saison 2016-2017, la franchise sud-américaine des Jaguares devrait intégrer dans son groupe deux joueurs du Brésil et les Sancery pourraient bien faire figure de favoris. « Quand va s'arrêter le rêve ? Tant qu'il y a des projets comme ça on continue ! », s'émerveille David qui s'attend néanmoins à entrer dans l'histoire. « Avec Felipe, on se le dit tous les jours : en six mois, notre vie a changé ! » Et elle est loin de s'arrêter.