Qu'est-ce qu'il se cache derrière ce tweet ?

J'y avais réfléchi depuis un petit moment. Maintenant ça fait trois ans. Je laisse la place et je vais essayer de trouver autre chose. Je pense que c'est bon de pouvoir laisser quelqu'un d'autre s'en occuper.

Vous avez un peu l'impression d'avoir fait le tour ?

Oui, même si j'aurais aimé continuer. Mais je pense que c'était pour moi aussi l'opportunité de basculer sur un autre projet rugby ou autre. C'était le moment venu. Il y a eu de bons résultats, d'autres un peu moins bons comme cette année malheureusement, mais ce sont les aléas de la compétition.

Pour l'après, avez-vous déjà des pistes concrètes ?

Non, rien de précis. Je vais essayer d'ouvrir quelques pistes. Pourquoi pas aller à l'étranger si des opportunités se présentent. Pourquoi pas basculer sur un projet le plus vite possible.

Qu'est-ce que vous gardez de ces trois dernières années ?

Le Tournoi (des 6 Nations, ndlr) est peut-être plus facile à préparer car on a la possibilité pendant trois ou quatre mois de l'année d'avoir des jeunes en début de saison que l'on prépare pour cette échéance, alors que la Coupe du Monde est une compétition très difficile qui laisse peu ou pas le droit à l'erreur. J'en garde humainement de très bons souvenirs avec de jeunes joueurs qui vont, je l'espère, pouvoir rapidement se préparer pour le très haut niveau.

Mais ça leur donne un aperçu des exigences de ce qu'il faut faire pour y aller. Encore une fois, c'était une belle expérience avec l'idée de transmettre ce que j'ai appris durant ma carrière. J'espère avoir pu le faire du mieux possible.

Vous parliez des bons et des mauvais résultats, comme la 9e place cette année en Championnat du Monde. Est-ce un souvenir à oublier ?

A oublier, oui, mais après il faut remettre les choses dans leur contexte, même si beaucoup de personnes pensent que cette 9e place est une place que nous n'avons jamais obtenu, évidemment. Mais on sait que si le premier match avait été gagné (match finalement perdu 15-24 contre l'Argentine alors que la France menait 8-6 à la pause, ndlr), ce qui aurait dû être le cas, la Coupe du Monde aurait été totalement différente. C'est vrai que tout se joue sur un match.

L'équipe de France n'a pas été ridicule non plus durant la saison...

Pas du tout ! Sur l'ensemble de la saison, on termine le Tournoi avec la meilleure attaque, on termine 2e derrière les Gallois avec qui on a disputé le Grand Chelem où ça se joue pour trois petits points. Tout n'est pas à jeter, il faut remettre les choses sur l'ensemble de la saison. Reste que cette Coupe du Monde ne nous a pas souri d'entrée de jeu et derrière ça a compliqué notre envie de faire mieux dans cette compétition.

Entre les 6 Nations et la Coupe du Monde, ce qui n'a pas été, c'est donc, entre autres, ce premier match contre l'Argentine ?

Je pense, oui. Et puis on a eu des joueurs aussi qui, pour la plupart, ont fait beaucoup plus de matches que la saison précédente avec la formule du championnat Espoirs qui était différente. On a senti que les joueurs arrivaient un peu au bout physiquement, qu'il y avait même un peu de lassitude. Et pour pouvoir effacer cette lassitude, il faut rapidement basculer sur des victoires. Le premier match nous tendait les bras. On aurait pu le gagner avec trois essais rapidement marqués en première mi-temps, mais ça n'a pas été le cas. Après les joueurs ont pris une grande claque et on eu du mal à se remobiliser.

Ca fait partie des moments les plus difficiles de tenter de remobiliser dans ce contexte ?

Oui, on a senti que, pour ceux qui avaient déjà vécu cette compétition, perdre le premier match c'était rédhibitoire. On a senti que les joueurs étaient très touchés moralement. C'était très difficile de les remobiliser.

Dans Midi Olympique, le capitaine Clément Castets estime que ce n'est pas en jouant uniquement en Espoirs que l'équipe de France des moins de 20 ans peut aller très loin. Vous partagez ce point de vue ?

Tout à fait. Je pense que les joueurs sont à même de rivaliser dans une compétition comme la Coupe du monde, mais à la condition de jouer des matches de haut niveau plus régulièrement et de pouvoir construire aussi leur rugby dans l'action et la compétition. La formation est une bonne chose, mais elle n'est valable qu'a travers la compétition qui doit être de haut niveau et la mise en place de tout ce qu'on répète aux entraînements.

Parfois les joueurs trouvent à s'ennuyer dans leur compétition Espoirs, ce qui est quand même terrible. Ils sentent bien que la différence entre ce qu'ils vivent avec les moins de 20 et leur compétition Espoirs, il y a trois divisions d'écart. Ce n'est pas comme ça qu'on arrive à les préparer à une compétition aussi exigente que la Coupe du Monde. On aura beau faire tous les entraînements possibles et imaginables, un entraînement ne remplace jamais la compétition.

C'est un chantier qui n'est pas nouveau non plus...

Ce n'est pas nouveau et c'est d'autant plus fatiguant de faire les mêmes constats chaque année. On sait exactement ce qu'il faudrait faire, ce qu'il faudrait changer pour amener à rendre ces joueurs plus compétitifs, comme une vraie compétition Espoirs qui soit au niveau d'un Top 14 ou d'une Pro D2, ce serait bien.