Le rugby colombien vit ce mois-ci un tournant important dans son développement. Las Tucanes disputent en effet un match de qualification unique contre le Brésil avec en jeu un billet pour la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2025.
En cas de victoire, la Colombie se rendra en Angleterre l’année prochaine. En cas de défaite, ce sera retour à la case départ.
Dans les coulisses, Nicole Acevedo Tanguerife, ancienne athlète olympique, s'efforce de faire en sorte que le rugby continue de se développer dans son pays.
Nicole a découvert pour la première fois le rugby en 2009, alors qu'elle était adolescente à Medellín, sa ville natale, et elle n'a jamais cessé de l'aimer.
En tant que joueuse, elle a titillé les plus hauts sommets, se qualifiant et jouant aux Jeux olympiques de Rio 2016 lorsque le rugby à sept a fait ses débuts très prometteurs. Pendant les six années suivantes, elle a été capitaine de l'équipe nationale à la fois en rugby à sept et en rugby à XV.
Mais son corps lui a envoyé un signal en 2022 et elle a arrêté de jouer. Pour autant, elle a le rugby dans le sang et continue de s'impliquer et de diriger de différentes manières.
L'année dernière, elle a ainsi eu l'occasion d'affiner ses techniques de gouvernance dans le cadre du Capgemini Women in Rugby Leadership Programme, un programme de bourses d'études destinées aux dirigeantes.
« Lorsque j'ai vu la nouvelle promotion des 25 boursières qui participeront au Capgemini Women in Rugby Leadership Programme [en 2024-25], cela m'a rappelé beaucoup de bons souvenirs », sourit-elle auprès de World Rugby.
« Je me souviens d'avoir appris par e-mail que j'avais été choisie pour le programme de l'année dernière et ça a été un moment très fort.
« J'avais posé ma candidature un an plus tôt et je n'avais pas été retenue. Ma sœur aînée Isabel avait également posé sa candidature et n'avait pas été sélectionnée. Je me suis donc sentie très fière de faire partie de ce programme. »
Et elle poursuit : « C'est l'une des meilleures choses qui me soient arrivées en dehors d'un terrain de rugby, une reconnaissance pour le travail acharné que j'ai fourni sur le terrain et en dehors. »
Ouvrir des portes
Le rugby fait partie intégrante de sa vie depuis qu'elle a commencé à jouer à 14 ans. Aujourd'hui âgée de 29 ans, elle est devenue ingénieure biomédicale - appliquant la technologie à tous les aspects de la vie : animaux, plantes, organismes, êtres humains. Elle continue à exercer en parallèle une influence positive en dehors du terrain.
« J'ai eu la chance de pouvoir compter sur Catalina Palacio en tant qu'ancienne boursière et elle m'a beaucoup aidée », précise-t-elle.
« La Brésilienne Marjorie [Enya, du premier groupe de boursières] m'a également beaucoup aidée et je me souviens d'avoir rencontré l'ancienne responsable du développement du rugby féminin à World Rugby, Su Carty, en Colombie, qui a également nourri mon engagement. »
Le rugby dans son pays est en train de redéfinir son avenir et, avec Nicole Tanguerife et Catalina Palacio, cet avenir repose sur des épaules solides.
Nicole a compris que son faible niveau d'anglais allait être un frein si elle voulait aider encore plus. Elle a donc utilisé les ressources mises à sa disposition par le Capgemini Women in Rugby Leadership Programme pour faire tomber toute barrière linguistique.
« Capgemini m'a beaucoup aidée puisqu'elle m'a attribué un coach en leadership et pendant la Coupe du Monde de Rugby 2023, j'ai pu visiter leur campus », raconte Nicole en référence Capgemini Women in Rugby Leadership Summit 2023.
« J'ai également suivi des cours d'administration sportive. La bourse m’a ouvert de nombreuses portes et m'a permis de rencontrer beaucoup de femmes intéressantes ; j'ai vite compris qu'il y a beaucoup de femmes qui travaillent très dur pour le rugby. »
Maintenant ou jamais
Son anglais s'est amélioré et elle peut maintenant avoir des relations qui lui permettent d'apprendre. « C'est la deuxième langue qu'il faut avoir », reconnaît-elle.
« Par exemple, la Canadienne Maria Samson, qui est mère de famille, se concentre sur le rugby pour enfants ainsi que sur la manière d'intégrer le rugby en tant que mère et en tant que femme. »
Nicole a également rejoint Catalina au siège de la Fédération colombienne à Medellín.
« Le rugby est un projet de vie ; j'ai grandi dans le rugby, j'ai eu de nombreuses opportunités et la bourse m’apporte énormément de choses », insiste-t-elle. « J'espère pouvoir aider le rugby à continuer à se développer. »
En ce qui concerne sa vie professionnelle, elle estime que sa formation d'ingénieur lui permet d'être très bien organisée.
« J'ai dirigé des projets et des tournois. J'ai également participé à une étude biomécanique sur les coups de pied au rugby. Ma carrière touche à tout. »
Elle sera une supportrice à bien des égards lorsque le billet pour l'Angleterre 2025 se jouera contre le Brésil à la fin du mois.
« Le rugby colombien est à un tournant, à un moment où il doit briller », estime Nicole Tanguerife.
« Nous avons besoin que les filles réussissent. Nous avons investi énormément de temps, de ressources, d'entraîneurs et de joueuses parce que nous croyons en elles.
« C'est maintenant ou jamais. J'espère que les filles verront les choses de la même manière. »