Poule A

Italie

Après deux victoires en deux matchs, l’équipe de Kieran Crowley n’a pas pu rivaliser face aux triples champions du monde néo-zélandais et face au pays hôte, la France, lors de ses deux dernières rencontres. La conquête a coûté cher à l’Italie : 75 % de réussite en mêlée, c’est le pourcentage le plus faible de la compétition et 1,3 mêlée perdue par match. En touche, les Azzurri ne sont qu’à la 15e place sur 20, avec 81 % de ballons gagnés.

En défense, ils ont eu le cinquième meilleur taux de réussite (87 %) et sont à la deuxième place en termes de plaquages offensifs par match (11,5). Ils ont toutefois été dans l’incapacité d’arrêter leurs adversaires et de récupérer des ballons. Seulement 5,3 ballons récupérés par match, 16e sur 20.

« Au rugby, quand on n’arrive pas à jouer simple, voilà ce qui arrive », tels ont été les mots du capitaine Michele Lamaro après la défaite face à la France, qui confirmait la fin de campagne italienne. « On aimerait bien avoir une baguette magique, mais ça n’existe pas dans ce sport. »

Uruguay

Une équipe battue trois fois, mais qui a poussé la France à la faute et qui menait face à l’Italie à la mi-temps. L’Uruguay n’a pas réussi à conserver le ballon et a concédé beaucoup de pertes de balles (13e performance de la compétition dans ce secteur). Son efficacité dans les rucks offensifs n’a été que de 60 %, l’avant-dernière performance dans ce domaine au cours de cette Coupe du Monde de Rugby.

Un des points positifs a été les ballons récupérés dans les rucks où ils ont gagné 4,5 ballons par match, portant le total de leurs ballons récupéré à 6,8 par rencontre, le cinquième meilleur score dans ce domaine.

Le troisième ligne aile Manuel Ardao a été impérial dans cet exercice, où il a récupéré 7 des 18 ballons de son équipe.

« Il excelle dans ce domaine », a déclaré l’entraîneur adjoint de l’Italie Marius Goosen après le match face à l’Uruguay. « Il y a peut-être deux ou trois joueurs qui ont le talent de ce numéro six dans les rucks. Il me rappelle David Pocock. »

Namibie

La Namibie n’a pas réussi à décrocher une première victoire historique en Coupe du Monde de Rugby, mais cette équipe a eu de l’impact, au sens premier du terme.

L’équipe d’Allister Coetzee a été la troisième en impacts dominants (34,5 par match), un chiffre incroyable quand on sait que cette formation a été l'une des trois équipes les moins efficaces en termes de ballons portés en main. Ils étaient tout en haut du classement malgré une poule très physique avec la France, la Nouvelle-Zélande et l’Uruguay.

Leur vitesse de ruck était la septième de la compétition, avec une moyenne de 3,61 secondes. Même en combinant ce chiffre à celui des impacts dominants, les Namibiens n’ont pas réussi à s’imposer. Ils ont tout de même conquis le cœur des fans avec leur rugby enlevé.

« On ne va rien réussir si on tente la pénalité, a déclaré le capitaine Johan Deysel pendant la compétition. On va en touche pour essayer de marquer des essais. C’est ça, le rugby. C’est ce qui plaît au public. »

Poule B

Écosse

L’Écosse a tout donné pour tenter de sortir de la poule. Les hommes de Gregor Townsend affichent le plus grand nombre de courses avec ballon par match (151,8), de défenseurs battus (42,5) et d’offloads (14,3). Ils ont la deuxième meilleure moyenne de franchissements (11,3) et de mètres parcourus (681,8).

Les Écossais ont marqué plus d’essais (21) que n’importe quelle autre équipe dans l’autre partie du tableau, mais le hasard du tirage a fait qu’ils étaient obligés d’affronter l’Irlande et l’Afrique du Sud. Ils n’ont malheureusement pas réussi à concrétiser face aux solides défenses de ces deux places fortes du rugby international.

L’Écosse est cinquième en matière d’entrées dans les 22 (12,3 par match). Mais elle n’est que cinquième en matière d’efficacité (2,22 points) et c’est ce qui lu a coûté sa place en quarts.

« Bravo à leur défense. C’est certainement la meilleure que j’ai pu affronter, déclarait le centre Sione Tuipulotu après le match contre l’Irlande. Ils ne nous ont rien laissé dans leurs 22. Impossible de franchir. »

Tonga

Les Tonga, équipe souvent prisée pour sa densité physique, n’occupe, étonnamment, que la 19e place du classement de la domination en collision (34 %) devant le Chili. Ils n’ont pas réussi à faire sortir les ballons assez vite pour mettre à mal ces défenses. Leur temps de libération moyen en ruck est de 4,43 secondes (15e de la compétition).

Leur efficacité dans les 22 mètres est étonnamment élevée puisqu’ils sont troisièmes de la compétition (3,45 points par entrée) mais c’est notamment dû au fait qu’ils ont marqué un essai sur leur seule entrée en solo dans les 22 irlandais lors de leur premier match. Ils affichent une moyenne de neuf entrées par match (13e de la compétition), ce qui prouve qu’ils ont joué au rugby, mais dans les mauvaises zones.

Le sélectionneur Toutai Kefu pense que l’attaque des Tonga progresserait si elle jouait plus de matchs à l’avenir.

« Il nous faut plus de temps pour trouver nos marques, c’est logique. Aujourd’hui, on a perdu trois ou quatre ballons qu’ils ont transformés en essais. Ce sont des erreurs de niveau Tier 2. Il faut qu’on passe plus de temps ensemble pour corriger ça. Il nous faut plus de compétition. »

Roumanie

La Roumanie n’a pas gagné le moindre match en Coupe du Monde de Rugby 2023 mais le point positif, c’est que les Roumains ont tenté de mettre de la vitesse. Ils sont cinquièmes sur le plan de la vitesse de libération des ballons dans les rucks (3,52 secondes).

La mêlée roumaine s’est aussi illustrée. Les Roumains ont gagné en moyenne six mêlées par match, le cinquième meilleur total de la compétition, et le neuvième meilleur taux de réussite en mêlée (90 %). Malgré cela, en touche, les Chênes n’ont pas été assez efficaces. Ils affichent le total de touches remportées le plus faible (8,8 par match) et sont 17e sur les taux de réussite en touche (74 %).

La Roumanie a beaucoup défendu. Elle affiche la cinquième moyenne de plaquages par match (141,3). Elle a aussi manqué plus de plaquages en moyenne que n’importe quelle équipe (47,5 par match). Adrian Motoc incarne cette qualité défensive mitigée. Il a réalisé (49) et manqué (17) le plus de plaquages dans son équipe.

Mais toute équipe aurait du mal dans une poule composée de l’Irlande, de l’Afrique du Sud et de l’Écosse.

« On a eu du mal sur les trois premiers matchs, expliquait André Gorin. Sur les deux premiers notamment, on a eu du mal physiquement contre ces équipes puissantes. C’est dur pour une équipe comme la nôtre. Les matchs auraient pu être différents sans toutes ces petites fautes. On est encore jeunes, on manque d’expérience et on ne connaît pas assez cette intensité. »

Poule C

Australie

Il s’agit de la deuxième meilleure équipe à ne pas passer les poules après l’Écosse. C’est la première fois que les Wallabies ne passent pas les poules.

En défense, les hommes d’Eddie Jones ont affiché le troisième plus grand nombre de plaquages dominants de la compétition (10,3 par match) mais ils ont manqué une moyenne de 22,3 plaquages par match et ne sont que 16es au taux de plaquages réussis (82 %). C’est ce qui a en partie causé leurs défaites contre le pays de Galles et les Fidji et leur élimination en poules.

Leur mauvais bilan au plaquage a eu pour conséquence un manque d’efficacité dans les rucks. Ils ne sont que 13es aux ballons récupérés (en moyenne 5,5 par match). Sur le plan de la discipline, les Wallabies n’ont pas été performants. Ils ont concédé 12,8 pénalités par match, ce qui les place à la 16e place dans ce secteur.

« Ce match était une alternance entre contests et continuité. On veut trouver le juste équilibre entre les deux. Si on va trop loin sur les contests, ça devient de la brutalité. »

Portugal

La victoire historique des Portugais contre les Fidji lors du tout dernier match de la phase de poules de la Coupe du Monde de Rugby 2023 est née de la confiance qu’ils portent en leur jeu de possession.

Le Portugal est 7e de la compétition en matière de courses avec ballon par match (118,3 en moyenne), 9e sur les mètre parcourus (487), 6e sur les franchissements (7,8) et 4e au niveau des passes après contact (118,3).

« Cet essai est dans l’ADN de cette équipe, déclarait le désormais ex-sélectionneur du Portugal, Patrice Lagisquet, après le match. Ces joueurs sont tellement généreux, ils sont capables d’exploiter toute la largeur du terrain. Le championnat portugais est peut-être moins structuré, mais en matière de vitesse et de jeu dans la largeur, c’est comparable à de la Pro D2. Il y a des joueurs fantastiques. »

Ils sont aussi très bons à la récupération, puisqu’ils ont réussi en moyenne 7,5 turnovers par match sur les rucks. Dans la poule, seuls les Fidji font mieux.

Géorgie

Les Géorgiens ont assez bien joué sur leurs points forts et affichent d’assez bonnes statistiques en ce sens. Ils sont quatrièmes de la phase de poules en mêlée (94 % de mêlées réussies) et affichant le cinquième plus grand nombre de mêlées réussies par match (6 en moyenne).

Ils ont pratiqué un jeu de domination territoriale qui les place au quatrième rang des coups de pied (29,8 par match). Ils n’ont toutefois pas réussi à contrer les rucks. Ils affichent le nombre de turnovers sur ruck le plus faible de la compétition (1,5 par match) ce qui fait de la Géorgie l’équipe avec le deuxième nombre de turnovers le plus faible (4,3).

Au-delà des fondamentaux, ils se sont distingués dans le jeu courant. Davit Niniashvili a tenté de tirer ses coéquipiers vers le haut. Il affiche le plus grand nombre de courses avec ballon (52) et le plus grand nombre de mètres parcourus (524) – le deuxième meilleur total de l’équipe n’est que de 292 – ainsi que le plus grand nombre de défenseurs battus, preuve que le jeu géorgien est en pleine mutation.

« Notre style de jeu change, expliquait l’entraîneur en charge de l’attaque, Cory Brown. On a toujours su qu’on était forts devant, en mêlée fermée et en maul. Tout le monde le sait. Maintenant, il faut qu’on affronte un maximum d’équipes du Tier 1. Le rugby est très populaire en Géorgie. On doit juste continuer de grandir et tout faire pour qu’il continue de progresser. »

Poule D

Japon

Le Japon s’est battu vaillamment mais a été éliminé par l’Argentine lors du dernier match de poule. L’équipe de Jamie Joseph a réalisé le plus de plaquages par match (166,8) en prenant la première place au pays de Galles, leader de ce secteur le week-end dernier. Michael Leitch en totalise 62, le record, mais lui et ses coéquipiers ont été incapables de renouveler l’exploit de 2019 et une qualification en quarts de finale.

Les Japonais se sont distingués par une discipline à tout épreuve en ne concédant que 8 pénalités par match, dont 2,5 en attaque.

En conquête, l’équipe a répondu présent. Ils ont la deuxième mêlée la plus performante (95 % de réussite) et ont remporté le plus de mêlées par match, neuf. Leur touche n’a pas été la plus efficace sur leurs propres lancers (84 % de réussite, 9e), mais ils se sont classés 4e en termes de ballons volés dans ce secteur (1,8 par match), ce qui montre tous leurs progrès.

« Cette fois, on n’a pas réussi à arriver au sommet de l’Everest pour faire fleurir les Brave Blossoms (les fleurs braves, surnom de l'équipe du Japon) mais notre héritage, notre culture, nos objectifs et nos rêves seront transmis à la prochaine génération. Je pense que la Japon va continuer de grandir. » Tels ont été les mots de Kazuki Himeno après la défaite face à l’Argentine.

Samoa

Bien qu'ils aient terminé à la quatrième place du groupe, les Samoa sont peut-être l’équipe qui a joué le plus de malchance dans son élimination. Après une belle victoire face au Chili, ils se sont inclinés de peu à trois reprises, dont une fois d'un point, ce qui leur a permis de terminer la phase de poules avec une différence de points positive de 17, alors qu’ils n’ont gagné qu’un match.

L'indiscipline a été le vrai problème des Samoa, qui ont été la deuxième équipe la plus sanctionnée avec 13,3 pénalités par match. Les Samoans ont également manqué de répondant en défense, réalisant seulement 108,8 plaquages par rencontre (le 15e total sur 20) et surtout manquant 26,5 tentatives de plaquages par match. Ils figurent à l’antépénultième place en termes de plaquages offensifs (7,3 par match) et leur taux de réussite de 80 % au plaquage est le quatrième plus mauvais.

Cependant, le chaos dans le domaine des plaquages leur a permis d'arracher le ballon à leurs adversaires, avec une moyenne de 7,3 ballons récupérés par match, ce qui les classe troisièmes dans ce domaine en phase de poules.

« Au plus haut niveau, chaque décision et chaque erreur se paie cash, a déclaré le demi d’ouverture Lima Sopoaga à l’issue de la défaite d’un point face à l’Angleterre lors du dernier match de poule. Cette équipe anglaise a de grandes qualités, ils se sont accrochés et ont fini par l’emporter. Je suis très fier de l’équipe et de ce que l’on a essayé de faire. »

Chili

Une campagne difficile pour le Chili qui n’a pas démérité pour sa première apparition en Coupe du Monde de Rugby. Avec 90 % de réussite en mêlée, il a fini 10e dans ce secteur et figure en cinquième place dans le domaine des plaquages offensifs par match, avec 10 par rencontre.

Tout cela lui a donné l’occasion à l’équipe d’être présente dans les rucks, ce qu’elle a fait brillamment, avec 14 ballons récupérés, la sixième meilleure performance dans ce domaine.

Avec 23 défenseurs battus par match ballon en main, les Chiliens sont huitièmes dans cette catégorie statistique. Le joueur qui a franchi le plus de fois la ligne d'avantage pour son équipe, le deuxième ligne Clemente Saavedra, aura des souvenirs à raconter à ses petits-enfants.

« Avec le temps, on verra les résultats de ce que l’on a fait et de la trace que l’on a laissée, a déclaré le talonneur Tomás Dussaillant. J'espère qu’on a donné envie à une nouvelle génération de joueurs chiliens et que davantage d'enfants seront motivés pour pratiquer ce sport. C'était l’objectif principal de notre équipe. »

« On aurait aimé que les résultats soient meilleurs. C'est une première expérience en Coupe du Monde ; on n’a pas eu l'occasion d’affronter des équipes de ce niveau. Il y a beaucoup d'enseignements à tirer de chaque match et le groupe va apprendre et s'améliorer en vue de la prochaine édition. »