Depuis que Katie Sadleir a pris la décision « difficile » de quitter World Rugby pour rejoindre la Fédération des Jeux du Commonwealth (CGF) en tant que directrice générale, elle a travaillé dur pour laisser un bureau bien rangé à son successeur éventuel.
Vendredi 5 novembre sera le dernier jour de Katie Sadleir en tant que directrice générale du rugby féminin après cinq années passées à ce poste marquées par une croissance sans précédent de la participation féminine à tous les niveaux du jeu.
Travaillant selon le mantra « il faut partir à point » - bien qu'elle n'ait pas réussi à faire imprimer ce slogan sur un t-shirt - l'ancienne nageuse synchronisée a abordé ses trois derniers mois à World Rugby avec la même détermination qui a permis de lancer une myriade d'initiatives novatrices.
« J'ai rencontré tellement de personnes extraordinaires », explique Katie Sadleir à propos de son passage à World Rugby.
« J'ai vraiment adoré ce travail. Quand je lis les messages que j'ai reçus de personnes du monde entier pour me remercier et lorsque je constate les changements qui se sont produits, même si je ne les ai pas réalisés moi-même, je me dis que j’ai été en capacité d'initier quelque chose dans un processus qui permet d'y arriver plus rapidement et de manière plus efficace.
« C'est donc très gratifiant d'avoir pu faire partie de ce processus, et d'avoir eu le privilège de contribuer à changer la vie des gens. Vous savez, on n'a pas souvent cette opportunité, alors c'est plutôt chouette. »
AIDER LES GENS À ALLER JUSQU'AU BOUT
Sadleir, qui a représenté la Nouvelle-Zélande aux Jeux du Commonwealth d'Édimbourg en 1986, n'avait pas l'intention de quitter World Rugby, mais l’occasion de rejoindre la CGF s'est présentée.
Elle affirme cependant avoir suivi son propre conseil selon lequel « le bon moment pour chercher son prochain emploi est celui où l'on est le plus heureux dans son emploi actuel ».
Katie Sadleir, World Rugby Women's General Manager, speaks about the innovative Rugby World Cup 2021 Coaching Internship Programme. pic.twitter.com/yTciA9OmJg
— World Rugby (@WorldRugby) September 3, 2020
Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles Katie Sadleir aurait été satisfaite après cinq années extrêmement fructueuses en tant que directrice générale du rugby féminin.
Bien qu'elle ait grandi en Nouvelle-Zélande, Katie Sadleir n’y connaissait pas grand-chose en matière de rugby lorsqu'elle a accepté d'assumer cette fonction au sein de World Rugby, en 2016.
Ce poste l'avait séduite car il lui offrait la possibilité de créer un véritable changement dans la société. Elle a passé la première année à parler et à écouter les gens tout en développant les relations qui lui permettraient de réussir.
Ces discussions ont contribué à former la base du plan stratégique féminin 2017-25 et elle a depuis continué à faire évoluer le profil du rugby féminin, aidant à le positionner comme un « leader dans l'écosystème sportif plus large ».
Depuis la première parution du plan stratégique, 17 femmes ont été nommées au Conseil de World Rugby. Parmi les initiatives importantes qui ont suivi, on peut citer la bourse d'études pour les dirigeantes de World Rugby, l'Académie de haute performance féminine, les campagnes « Try And Stop Us » et « Team Powered », ainsi que l'introduction d'une dénomination non sexiste pour les tournois de la Coupe du Monde de Rugby.
Mais Katie Sadleir affirme que sa plus grande fierté au sein de l'instance dirigeante mondiale est d'avoir « incité d'autres personnes à s'engager avec enthousiasme ».
« On m'avait plus ou moins prévenu, avant que je commence, que le rugby féminin ne décollerait jamais en Amérique du Sud parce que les femmes jouent au hockey et ne jouent pas au rugby », explique-t-elle.
« Or aujourd'hui, vous avez la Colombie qui est toujours sur la voie de la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2021. Ils ont trois femmes à la tête de l'Argentine, de la Colombie et du Brésil et ils envisagent de créer un tournoi de rugby à XV. Elles ont mené des projets extraordinaires.
« Il faut voir ça, et il faut voir ce qui s'est passé aussi en Afrique. Je pense que ce dont je suis fière, c'est d'avoir pu travailler et m'engager avec des personnes qui avaient juste besoin de ce soutien pour aller de l'avant. »
Katie Sadleir indique qu'elle est également redevable de l'aide et du soutien apporté par le président de World Rugby, Sir Bill Beaumont, le président du Comité consultatif féminin, Serge Simon, et par Carol Isherwood, membre du Hall of Fame de World Rugby, qui a été une vraie source d'inspiration et une amie.
« Lorsqu'on repense au début de tout ça, nous avons développé les stratégies, passé beaucoup de temps à écouter et à apprendre, puis lorsque nous avons lancé la stratégie, au même moment, [Beaumont] s'est engagé à intégrer 17 femmes au conseil d'administration. C'était un moment capital. »
« Nous ne sommes pas encore arrivés au bout »
Sadleir compare sa carrière à une palette de couleurs, mais au cœur de celle-ci se trouve le désir d'aider à faire évoluer les gens, et en particulier les femmes dirigeantes.
C'est la raison pour laquelle le succès de la bourse d'études pour les dirigeantes a été si important pour elle. Depuis le lancement du programme en 2018, il y a eu 49 récipiendaires, dont plusieurs ont ensuite décroché des rôles de direction très importants.
« La majorité d'entre elles sont toujours en relation les unes avec les autres », constate Katie Sadleir. « Elles ont un groupe WhatsApp et chaque semaine, on entend parler de leurs nouvelles expériences ou de leurs nouvelles nominations.
« C'est vraiment un programme qui a changé de manière significative le leadership du rugby féminin. C'est plutôt pas mal. »
Katie est également enthousiasmée par le travail qui a été réalisé dans le domaine de l'entraînement de haut niveau.
Chacune des 12 équipes qui participeront à la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui se déroulera en 2022, aura au moins une femme comme entraîneur grâce au programme de stage d'entraîneure.
« Il ne s'agit certes pas de moi, mais ce que j'ai pu faire, c'est de mettre les gens en relation et de les accompagner pour leur permettre de se sentir en confiance dans les changements qui devaient se produire », ajoute Katie Sadleir.
« Nous ne sommes pas encore arrivés et nous avons encore du chemin à faire. Je veux dire, nous avons encore de grands défis à relever, mais nous avons, au cours des quatre dernières années, je pense, fait des choses vraiment étonnantes. »
Pour la suite, Katie Sadleir pense que le WXV sera une compétition qui « changera la donne » pour le rugby féminin, car elle aidera les fédérations à mettre en place des programmes pérennes tout en renforçant les Coupes du Monde de Rugby et en augmentant le nombre de joueuses et de supporters.
En outre, sa transition vers la CGF, qu'elle rejoint lundi 8 novembre, sera facilitée par le fait que le rugby fera partie des Jeux du Commonwealth 2022 à Birmingham.
Et bien qu'elle passera ses derniers appels en tant que directrice générale du rugby féminin de World Rugby vendredi, Sadleir tient à souligner qu'elle sera prête à répondre au téléphone à son successeur en cas de besoin.
« Absolument », conclut-elle. « Je me rendrais sans aucun doute disponible pour soutenir de toutes les manières possibles cette personne au début de son mandat. »
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