Elle a été aux premières loges pour assister à l'augmentation du nombre de joueuses de rugby en Espagne. Et elle a aujourd'hui un plan précis pour continuer à développer la pratique dans l'ensemble du pays.

Lorsque Angela del Pan a découvert le rugby au tournant du siècle, on ne comptait que près de 900 joueuses de rugby licenciées en Espagne. Dix ans plus tard, elles étaient 2 600. Et quand Angela et ses coéquipières ont participé aux Jeux Olympiques de Rio en 2016, ce nombre a encore progressé de manière considérable, si bien que la fédération espagnole de rugby (FER) a lancé un programme ambitieux pour développer le rugby féminin, « Mujeres en rugby », dont l'objectif était d'arriver à 6 000 joueuses à la fin 2020.

C'est après la Coupe du Monde de Rugby 2017 qu'Angela a décidé de raccrocher les crampons. Diplômée dans le management du sport tout en travaillant comme team manager des équipes nationales à 7 et à XV, elle s'est vue confier, fin 2019, le poste de manager des opérations de haute performance à la fédération.

L'ancienne trois-quart a également obtenu une bourse de leadership octroyée par World Rugby en mars 2020. Et malgré la pandémie qui a durement touché son pays, elle a réussi à tout mettre en œuvre pour encourager d'autres joueuses, comme elle, à toujours s'investir dans le rugby, même si elles ne pratiquent plus.

« J'ai regardé ce que faisaient d'autres filles qui avaient bénéficié de cette bourse et je me suis rendue compte qu'elles avaient fait un travail incroyable en se concentrant sur le développement et la représentation, ainsi que sur l'autonomisation du rugby féminin et l'entraînement, ce qui est à mon avis la clé pour faire grandir ce sport », explique Angela del Pan à World Rugby.

« Je pense que la plupart du temps, nous prenons soin des joueuses quand elles jouent, mais nous devons ensuite prendre soin d'elles pour les intégrer dans la 'roue du rugby'. Car ce qu'il se passe souvent, c'est que lorsqu'elles prennent leur retraite, elles trouvent un emploi et elles disparaissent, tout simplement.

« Donc, je me suis dit que si nous avions les meilleures personnes du rugby qui travaillent dans notre pays pour développer notre rugby, à la fin, nous aurons un très bon rugby. Grâce à elles, on peut réussir à rendre ce sport encore meilleur. »

Apprendre et avancer

En tant que manager des opérations de haute performance à la fédération, Angela est en contact régulier avec les meilleures joueuses d'Espagne et elle est convaincue que elle et son équipe sont « responsables du bien-être des équipes nationales ». Et une partie de cette charge doit se concentrer sur la transition de l'après-rugby.

Le fait qu'elle décroche cette bourse de leadership au printemps a finalement été très bénéfique malgré la pandémie. Elle a en effet eu l'occasion de se perfectionner dans le management pour le compte de la fédération.

Certes un déplacement aux États-Unis - « le pays number one pour le sport de haut niveau » - a dû être repoussé, mais à la place elle a mis à profit son temps pour étudier et mieux préparer les échéances suivantes.

« J'espère maîtriser les outils qui me permettront d'améliorer et de peaufiner n'importe quel projet en dirigeant », dit-elle. « Pas seulement dans ma vie professionnelle, [mais] dans ma vie en général. Je pense que cette bourse vous permet d'apprendre et d'améliorer votre leadership de sorte que vous apprécierez encore plus chaque pan de votre travail ou de tout ce que vous faites. »

Une nouvelle vie

Angela raconte qu'elle a adoré chaque instant que lui a offert le rugby, depuis qu'elle a suivi sa sœur qui jouait dans un club local. Angela avait alors 13 ans.

« Pour moi, le rugby c'était génial ! C'était comme une famille et, quand vous êtes gamine, c'est super d'avoir des gens autour de vous qui vous encouragent tous les jours et qui sont attentifs. Pas seulement à l'entraînement, mais dans votre vie quotidienne aussi. Je ne sais pas comment le décrire, mais je dis toujours que le rugby n'est pas qu'un sport, c'est un mode de vie. »

Et c'est en gravissant les échelons – local, régional, national – qu'Angela a réalisé que « finalement, je n'étais pas si mauvaise » et qu'elle pouvait faire quelque chose.

« C'était comme si une nouvelle vie s'offrait à moi », dit-elle lorsqu'on lui demande de décrire son sentiment au moment de représenter son pays pour la toute première fois. « Pour être honnête, j'avais tellement peur. J'ai connu la peur et la déception pour la première fois de ma vie. J'avais juste 18 ans, je veux dire, j'étais un bébé !

« Mais je me sentais si heureuse et si fière de porter le maillot avec mes amies. Et ça a fait comme un clic en moi et c'est là que je me suis dit que c'était vraiment ce que je voulais faire. »

Angela va représenter son pays lors de deux Coupes du Monde de Rugby, à XV et à 7, mais aussi sur le HSBC World Rugby Sevens Series. Mais son meilleur souvenir sera au moment de Rio en 2016.

« Nous avons décroché le dernier billet pour Rio à Dublin. C'était l'ultime match de l'ultime tournoi de qualification », se souvient-elle. « J'étais si heureuse là-bas et si fière de mon équipe, parce que nous l'avons fait. Nous avions travaillé tellement dur pour cela. C'était un rêve qui se réalisait car dès le premier jour où j'ai commencé à jouer au rugby, c'est là que je voulais être, avec mon équipe. »

Dans toutes ces occasions, Angela se dit « fière d'avoir représenté chaque Espagnole qui joue au rugby » dans les plus grand tournoi au monde.

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